Yaoundé, le 18 juin 2013 _ Au Cameroun, on observe un retour
des jeunes à la terre, une tendance étroitement liée au lancement il y a
trois ans du « projet d’amélioration de la compétitivité agricole »
(PACA).
Financé par la Banque mondiale, ce projet d’un montant de 60 millions
de dollars et qui s’inscrit sur une durée de sept ans, a pour objectif
de booster la productivité agricole du pays en développant les
infrastructures rurales, en investissant dans les filières porteuses
comme la culture du riz et du maïs, ainsi que la production de poulet de
chair et de porc charcutier.
«Le PACA a changé les mentalités sur l’agriculture qui n’est plus considérée aujourd’hui comme un sous-métier », assure Félix Nkapemin, spécialiste des filières végétales du PACA. « Aujourd’hui,
les candidats au financement PACA se recrutent essentiellement parmi
les jeunes camerounais qui ont décidé, une fois leur diplôme en poche,
de devenir agriculteurs, d’acquérir des terres, de produire de manière
professionnelle le maïs pour la commercialisation, et de gérer leur
entreprise afin de gagner leur vie », explique-t-il.
Au Cameroun, l'agriculture représente plus de la moitié des recettes
d'exportation non pétrolières et emploie presque 60 % de la population
active. Quatre-vingt-dix pour cent des ménages ruraux sont, d’une façon
ou d’une autre, employés dans l'agriculture, et environ un tiers d'entre
eux gagnent leur vie grâce aux cultures d'exportation. Selon les
chiffres du PACA, plus de la moitié des bénéficiaires de ce projet sont
des jeunes.
Selon Manievel Sene, responsable du projet pour la Banque mondiale au Cameroun, le
PACA a également facilité l’accès au crédit des agriculteurs à travers
l’établissement de conventions de partenariat entre les organisations de
producteurs et les instituts de micro-finance. Environ 10.000
organisations de producteurs sont ainsi engagées dans des partenariats
économiques qui financent des investissements destinés à résoudre les
problèmes critiques relatifs à la production, au marketing et/ou à la
transformation des produits agricoles.
À ce jour, les résultats du projet appliqué dans 6 des 10 régions du
Cameroun (Centre, Nord-Ouest, Extrême-Nord, Nord, Est, Ouest et
Littoral) sont très encourageants et dépassent les attentes des
agriculteurs qui ont vu leurs rendements de riz augmenter de 109% (soit
5,7 tonnes/hectare contre un rendement de référence de 5,2
tonnes/hectare), et ceux de maïs de 112% (2,8 tonnes/hectare contre un
rendement de référence de 2,5 tonnes/hectare). La production de poulets
dits de chair (destinés à l’alimentation) a plus que doublé ; idem pour
la production d’œufs.
« Le projet nous a aidé à accéder aux infrastructures de
séchage et de conservation ce qui nous a permis de cultiver 50 hectares
de maïs en 2012 au lieu de 28 l’année précédente», témoigne
Gilbert Kanango, jeune agriculteur, membre du groupement d’intérêt
commercial (GIC), IPIM, association de producteurs localisée à Bertoua,
chef-lieu de la province de l’Est. « Mieux, ajoute-t-il, en prévision de
l’augmentation de notre production, nous avons pu acquérir des
égreneuses de maïs beaucoup plus performantes».
« Cette année, nous avons récolté 350 tonnes de maïs en une année de
campagne et nous misons sur 500 tonnes pour la prochaine récolte», se
réjouit, quant à elle, Rebecca Kamgue, agricultrice du bassin de
production de maïs de la région littorale.
Pour Gregor Binkert, directeur des opérations de la Banque
mondiale pour le Cameroun, l'agriculture constitue l’une des priorités
de la stratégie d'appui de la Banque mondiale au gouvernement
camerounais. « Par conséquent, le PACA en est un des instruments majeurs
pouvant aider à relever le défi de la compétitivité agricole, de la
sécurité alimentaire, de la création de revenus et d'emplois en milieu
rural au Cameroun », souligne-t-il.
Aujourd’hui, 744 sous-projets ont été approuvés sur un objectif final
de 1000 (soit 74,4%). Conçu pour bénéficier directement aux petits
producteurs et leurs organisations, le PACA ambitionne d’aider environ
20 000 producteurs de riz dans les périmètres irrigués en cours de
réhabilitation et 20 000 petits entrepreneurs agricoles organisés en
coopératives.
Le projet PACA a également financé la réhabilitation du réseau
routier dans les zones de production. Son impact s’étend donc aux autres
acteurs de la chaîne de valeur tels que les commerçants, les
transporteurs, et bien entendu les consommateurs.
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