02. PADER - Bénin : La biotechnologie pour sécuriser la qualité du matériel de plantation de manioc

La production de manioc au Bénin bute sur un problème majeur : la détérioration généralisée des caractéristiques génétiques des boutures utilisées à cause de diverses maladies (virose, anthracnose, etc.) et de l'érosion génétique due à la réutilisation du même matériel de plantation sur plusieurs années. Cette situation a entraîné une baisse drastique des rendements. Des expériences de correction de cette situation par l'introduction en milieu réel de boutures provenant de vitroplants de manioc avaient été menées à petite échelle dans le cadre d'un partenariat entre par le laboratoire de génétique et des biotechnologies (LGB), l'Institut National des Recherches Agricoles du Bénin (INRAB), le Projet de développement des plantes à racines et tubercules (PDRT) et le Centre Béninois de Recherche Scientifique et Technique (CBRST). Elles ont abouti à des résultats concluants bénéfiques pour le producteur final de manioc (environ 40 à 50% selon les estimations faites par l'INRAB). Fort de cela, le Projet de production de semences certifiées de riz et de boutures certifiées de manioc (Facilité Alimentaire de l'Union Européenne) depuis son démarrage tente d'étendre l'expérience à une grande échelle pour juguler durablement cette menace.
L'objectif principal de cette initiative est donc de renouveler les pieds de cuve du manioc pour dynamiser la chaine de production du matériel de plantation du manioc, accroître les rendements et la production de manioc.
Pour y parvenir, plusieurs partenaires travaillent en synergie pour la mise en œuvre de cette initiative. Il s'agit : (i) du Laboratoire de Génétique et des Biotechnologies (LGB) de l'Université d'Abomey-Calavi qui assure la production et la conservation des vitroplants de manioc ; (ii) du Centre des Recherches Agricoles Sud-Bénin (CRASB) de l'Institut National des Recherches Agricoles du Bénin (INRAB) pour l'acclimatation des vitroplants en milieu réel et la production de boutures de pré-base à partir desdits vitroplants ; (iii) et de l'Unité de coordination du projet (PADER) qui finance et suit les activités sur les fonds de la Facilité Alimentaire de l'Union Européenne.
Les retombées de l'initiative connaissent un début d'utilité directe aux multiplicateurs de boutures de manioc et aux producteurs de manioc de consommation.
La stratégie mise en œuvre pour rendre opérationnelle cette initiative se décline en deux points essentiels :
Renforcement des capacités du Laboratoire de Génétique et des Biotechnologies de l'Université d'Abomey-Calavi en infrastructures, matériels, fournitures et consommables de laboratoire ainsi qu'en ressources humaines (recyclage) pour la production et la conservation des vitroplants de diverses espèces végétales, dont le manioc ;
Appui au Centre des Recherches Agricoles Sud-Bénin (CRASB) de l'Institut National des Recherches Agricoles du Bénin (INRAB) en infrastructures, matériels, intrants et fonds d'exploitation pour la production de boutures de prébase de manioc.
Le Laboratoire de Génétique et des Biotechnologies produit et conserve dans sa vitrothèque les vitroplants (voir encadré) de manioc indemnes de toute maladie. Ensuite dans une serre, il démarre le processus de transfert en milieu réel (hors de la vitrothèque).
En outre, le Laboratoire effectue aussi un travail de caractérisation génétique moléculaire de la plupart des variétés de manioc cultivées au Bénin en vue de la mise à jour du catalogue national des espèces et variétés végétales au Bénin.

En guise de résultats et d'impact, près de 5 000 vitroplants sains de manioc sont déjà produits et conservés au niveau du laboratoire de génétique et des biotechnologies de l'Université d'Abomey-Calavi (soit 33% des résultats attendus) et le gain en rendement est de 60% (soit 8 boutures par tige de manioc au lieu de 5) A partir de ces vitroplants, des générations de boutures de prébase et de base sont produites au CRASB ; ce qui permet de procéder au remplacement des matériels de plantation en cours d'utilisation au niveau des paysans (et dont les caractéristiques génétiques sont érodées) par des boutures certifiées nouvelles déjà observées comme étant saines, vigoureuses et plus productives.
La mise en œuvre de ces différentes activités a nécessité le déploiement de diverses ressources évaluées à 186 493 euros (encadré n°3).
La mise en place et le fonctionnement régulier d'un cadre de concertation multi-acteurs du secteur semencier qui se réunit périodiquement favorisant la synergie des rôles et ayant permis de lever les cloisonnements et autres goulots d'étranglement ;
l'existence du laboratoire de génétique et des biotechnologies doté d'un personnel compétent ;
l'existence de l'Institut National des Recherches Agricoles qui dispose de stations de recherche s'investissant dans la production de boutures de pré-base de manioc ;
Les difficultés rencontrées sont relatives à l'exigüité de la vitrothèque et de la serre du Laboratoire ; ce qui ralentit le rythme de production des vitroplants. Mais sur les fonds de la Facilité Alimentaire, ce problème vient de trouver une solution à travers l'extension et de réaménagement récents du Laboratoire ainsi que la construction d'une serre de grande capacité. Avec ce niveau de renforcement de capacités induit par le Programme de Facilité Alimentaire (PFA), le laboratoire est à même de satisfaire à la demande future de vitroplants quel qu'en soit le volume pourvu que l'INRAB en fasse la commande. Et puisque l'INRAB ne peut s'adresser au laboratoire que lorsque les boutures certifiées sont bien commercialisées à la base, les défaillances d'un maillon quelconque de la chaîne de production et d'utilisation des boutures certifiées de manioc pourraient être préjudiciables à tout le mécanisme. C'est pourquoi, il est d'une impérieuse nécessité de mettre en place un mécanisme d'alerte permettant d'identifier à temps lesdites défaillances afin d'y remédier sans porter préjudice à la production de vitroplants et des autres catégories de semences.
Ceci justifie pleinement la nécessité :
i) de finaliser la mise en place d'un système de commercialisation efficace des boutures de manioc et qui responsabilise les producteurs semenciers et
ii) de prendre les dispositions pour assurer continuellement le financement du fonctionnement du cadre de concertation multi-acteurs de la filière semencière mis en place au Bénin à la faveur de la mise en œuvre du PFA. Il serait dommage qu'une expérience si exaltante s'arrête en si bon chemin.
Pour éviter cette éventualité, le laboratoire de génétique et des biotechnologies et l'Institut National des Recherches Agricoles du Bénin comptent perpétuer le processus et ce, grâce à un système de revolving des ressources ; les boutures étant commercialisées pour régénérer les ressources investies. Cette expérience mériterait d'être répliquée dans d'autres pays d'Afrique pour servir les mêmes causes, et à cet égard, un certain nombre de conditions devront être remplies :
i) la disponibilité d'un personnel qualifié dans le domaine de la biotechnologie ;
ii) l'existence d'un laboratoire spécialisé dans le domaine de la biotechnologie et
iii) l'existence d'un cadre institutionnel facilitant la collaboration entre ce laboratoire et la chaîne de production semencière.
L'exécution du Programme de Facilité Alimentaire de l'Union Européenne a permis de confirmer qu'une bonne synergie entre les projets de développement et les structures de recherche facilite la résolution des problèmes qui se posent aux populations en général et au monde rural en particulier. C'est la principale leçon qui se dégage de cette expérience.
Auteur : Dieudonné A. MESSAN | Date : 9 février 2012 | Organisme : Programme cadre PADER (Programme d'Appui au Développement Rural) | Adresse Email : dieudonne_messan@yahoo.fr ; pader@pader-benin.org | Sources : Rapports d'activités du PADER ; Rapports des partenaires (LGB, INRAB).
Voir le film documentaire réalisé sur cette expérience grâce au lien ci-après :http://www.fidafrique.net/article3176.html
L'objectif principal de cette initiative est donc de renouveler les pieds de cuve du manioc pour dynamiser la chaine de production du matériel de plantation du manioc, accroître les rendements et la production de manioc.
Pour y parvenir, plusieurs partenaires travaillent en synergie pour la mise en œuvre de cette initiative. Il s'agit : (i) du Laboratoire de Génétique et des Biotechnologies (LGB) de l'Université d'Abomey-Calavi qui assure la production et la conservation des vitroplants de manioc ; (ii) du Centre des Recherches Agricoles Sud-Bénin (CRASB) de l'Institut National des Recherches Agricoles du Bénin (INRAB) pour l'acclimatation des vitroplants en milieu réel et la production de boutures de pré-base à partir desdits vitroplants ; (iii) et de l'Unité de coordination du projet (PADER) qui finance et suit les activités sur les fonds de la Facilité Alimentaire de l'Union Européenne.
Les retombées de l'initiative connaissent un début d'utilité directe aux multiplicateurs de boutures de manioc et aux producteurs de manioc de consommation.



Le Laboratoire de Génétique et des Biotechnologies produit et conserve dans sa vitrothèque les vitroplants (voir encadré) de manioc indemnes de toute maladie. Ensuite dans une serre, il démarre le processus de transfert en milieu réel (hors de la vitrothèque).

Encadré n° 1 - _ Un vitroplant de manioc est une plantule de manioc obtenue à partir de la régénération d'un fragment de bouture ou de cellules méristématiques grâce aux biotechnologies végétales. Au cours de cette régénération, des précautions sont prises pour l'obtention d'une plantule saine. Le vitroplant est contenu dans un tube à essai qui, lui-même, est conservé dans une salle de culture spécialement aménagée appelée vitrothèque.
La recherche agricole récupère les vitroplants acclimatés sous serre et les insère en milieu réel (fermes du CRASB à Niaouli) pour la production de boutures de pré-base de manioc. Ces boutures de pré-base de manioc sont mises à la disposition des producteurs de boutures de base de manioc (fermes de la Direction de l'Agriculture (DAGRI) et fermes privées agréées). Enfin, les boutures de base de manioc sont confiées aux multiplicateurs pour la production de boutures certifiées de manioc destinées aux nombreux producteurs de manioc. L'encadré n° 2 ci-dessous schématise bien le mécanisme.
En guise de résultats et d'impact, près de 5 000 vitroplants sains de manioc sont déjà produits et conservés au niveau du laboratoire de génétique et des biotechnologies de l'Université d'Abomey-Calavi (soit 33% des résultats attendus) et le gain en rendement est de 60% (soit 8 boutures par tige de manioc au lieu de 5) A partir de ces vitroplants, des générations de boutures de prébase et de base sont produites au CRASB ; ce qui permet de procéder au remplacement des matériels de plantation en cours d'utilisation au niveau des paysans (et dont les caractéristiques génétiques sont érodées) par des boutures certifiées nouvelles déjà observées comme étant saines, vigoureuses et plus productives.
La mise en œuvre de ces différentes activités a nécessité le déploiement de diverses ressources évaluées à 186 493 euros (encadré n°3).
Encadré n°3 - Renforcement du Laboratoire de Génétique : 114 272 343 FCFA (174 462 euros) sur les fonds de la Facilité Alimentaire de l'Union Européenne répartis comme suit : équipements (35 515 550 F CFA) ; recyclage des ressources humaines (1130 000 F CFA) ; infrastructures (54 701 593 F CFA) ; production de vitroplants (22 925 000 F CFA). - Appui à la recherche agricole pour la production de boutures de prébase de manioc : 7 880 000 FCFA (12 031 euros) sur les fonds de la Facilité Alimentaire de l'Union Européenne.
Trois principaux facteurs ont favorisé le succès de l'initiative :


Les difficultés rencontrées sont relatives à l'exigüité de la vitrothèque et de la serre du Laboratoire ; ce qui ralentit le rythme de production des vitroplants. Mais sur les fonds de la Facilité Alimentaire, ce problème vient de trouver une solution à travers l'extension et de réaménagement récents du Laboratoire ainsi que la construction d'une serre de grande capacité. Avec ce niveau de renforcement de capacités induit par le Programme de Facilité Alimentaire (PFA), le laboratoire est à même de satisfaire à la demande future de vitroplants quel qu'en soit le volume pourvu que l'INRAB en fasse la commande. Et puisque l'INRAB ne peut s'adresser au laboratoire que lorsque les boutures certifiées sont bien commercialisées à la base, les défaillances d'un maillon quelconque de la chaîne de production et d'utilisation des boutures certifiées de manioc pourraient être préjudiciables à tout le mécanisme. C'est pourquoi, il est d'une impérieuse nécessité de mettre en place un mécanisme d'alerte permettant d'identifier à temps lesdites défaillances afin d'y remédier sans porter préjudice à la production de vitroplants et des autres catégories de semences.
Ceci justifie pleinement la nécessité :


Pour éviter cette éventualité, le laboratoire de génétique et des biotechnologies et l'Institut National des Recherches Agricoles du Bénin comptent perpétuer le processus et ce, grâce à un système de revolving des ressources ; les boutures étant commercialisées pour régénérer les ressources investies. Cette expérience mériterait d'être répliquée dans d'autres pays d'Afrique pour servir les mêmes causes, et à cet égard, un certain nombre de conditions devront être remplies :



L'exécution du Programme de Facilité Alimentaire de l'Union Européenne a permis de confirmer qu'une bonne synergie entre les projets de développement et les structures de recherche facilite la résolution des problèmes qui se posent aux populations en général et au monde rural en particulier. C'est la principale leçon qui se dégage de cette expérience.
Auteur : Dieudonné A. MESSAN | Date : 9 février 2012 | Organisme : Programme cadre PADER (Programme d'Appui au Développement Rural) | Adresse Email : dieudonne_messan@yahoo.fr ; pader@pader-benin.org | Sources : Rapports d'activités du PADER ; Rapports des partenaires (LGB, INRAB).
Voir le film documentaire réalisé sur cette expérience grâce au lien ci-après :http://www.fidafrique.net/article3176.html
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